Gimmick! 2, une belle surprise!

C’est rare que des nouvelles sorties m’intéressent; j’ai vraiment de la misère avec les jeux modernes, auxquels je trouve toujours quelque chose qui affecte mon appréciation. Que ce soit des tutoriels inutiles, des personnages qui parlent sans arrêt, du DEI forcé, du gameplay constamment interrompu par des cinématiques, ou autre. Ça fait longtemps que je suis saturé des remakes, des retro-revivals, des reboots et tout le tralala. Toutes les franchises qui m’intéressaient ont été abusées au point où je n’ai pratiquement plus d’intérêt pour elles. Récemment, j’ai quand même été surpris de voir des jeux comme Ufouria, Gimmick!, et Trip World recevoir de l’attention. J’ai toujours adoré Sunsoft, et ces séries ont été très importantes pour moi dans mon parcours de joueur et collectionneur. Je me souviens avoir importé Trip World quelque part en 2006, payant 60$ pour une copie PAL complète, ce qui, à l’époque, était beaucoup d’argent pour un jeu inconnu. Même chose pour Gimmick! et Ufouria (aka Hebereke au Japon); c’étaient parmi mes premiers imports, et j’avais une fascination pour ces jeux que peu de gens connaissaient. C’était mon petit monde à moi. Malgré tout, quand Ufouria 2 a été annoncé, puis Gimmick! 2, j’avais des réserves.

J’ai quand même décidé de précommander Ufouria 2; mon amour pour l’original était trop grand. Avec la sortie de la Sunsoft Collection 2 sur Evercade, je rejouais à nouveau à l’original, ce qui augmentait la tentation de précommander le deuxième, même si mes attentes étaient basses. Pour Gimmick! 2, j’avais lu que le créateur original, Tomomi Sakai, n’avait pas été consulté et ignorait complètement que Gimmick! 2 était en développement, ce qui m’avait quelque peu déçu. Mais en même temps, je me disais que si les droits avaient été vendus, et que l’équipe de développeurs avait un projet en tête, peut-être que contacter le créateur original n’aurait que compliqué les choses. De toute façon, à ce stade, même si je trouvais ça cool de voir une suite à Gimmick!, et que visuellement, j’aimais bien ce que je voyais, j’étais plutôt sceptique et presque indifférent quant au sort du jeu.

Éventuellement, ma copie d’Ufouria 2 est arrivée. Le jeu était disponible depuis un moment sur Steam, mais comme mon intérêt n’était pas si grand, j’ai pu attendre l’arrivée de ma copie physique avant d’y jouer. Initialement, je n’étais pas fan du look “laine” à la Yoshi’s Woolly World; j’avais l’impression que c’était une façon subtile de donner plus de style à un jeu potentiellement moyen (ou pire). Par contre, je dois avouer que lorsque j’ai vu le petit collant sur ma copie d’Ufouria 2 mentionnant “Sunsoft is Back!”, ça m’a donné un petit frisson. Ce détail à lui seul m’a motivé à mettre la cassette dans la console et à essayer de m’amuser avec le jeu sans être trop critique. Finalement, même si je le trouve un peu enfantin, avec beaucoup de “blabla” et de réchauffé, j’ai quand même pris du plaisir à y jouer, et ça m’a motivé à acheter Gimmick! 2, qui sortait dans quelques jours à peine.

J’ai donc acheté Gimmick! 2 dès sa sortie. J’étais toujours (et je le suis encore au moment d’écrire ces lignes) sur mon hype de “Sunsoft is Back baby, oh yeah!” Et bien franchement, Gimmick! 2 n’a pas seulement comblé mes attentes, il les a surpassées! J’avais tellement peur que ce soit un autre retro-revival oubliable avec beaucoup de texte, des tutoriels constants, et un gameplay interrompu toutes les cinq minutes pour des indices ou des cinématiques… Mais à ma grande surprise, non, rien de tout ça. Le jeu nous plonge dans son univers et nous laisse découvrir par nous-mêmes comment progresser, sans aucune coupure ni assistance. C’est juste vous et le jeu, rien d’autre. Cet aspect est l’une des plus belles qualités de Gimmick! 2 : une immersion totale et ininterrompue, c’est plutôt rare de nos jours.

Visuellement, j’aime bien l’apparence du jeu. On voit bien que ce n’est pas une grosse production, mais le visuel capture en grande partie le charme de l’original sans tomber dans un style particulier comme Ufouria 2 (rien contre ce jeu, que j’apprécie). Notre personnage Yumetaro, ainsi que tous les ennemis, ressemblent à leur version 8 bits, mais plus moderne, sans les pixels. J’ai vu des critiques disant que les graphismes avaient l’air simplistes, comme un jeu pour téléphone, et même si ce n’est pas complètement faux, je vois mal comment, vu le budget, ça aurait pu être beaucoup mieux. Je trouve que le visuel est un bon compromis entre un jeu à petit budget et un jeu comme New Super Mario Bros. U, par exemple.

Souvent, dans ce type de retro-revival, les contrôles sont rééquilibrés et deviennent moins vifs et “snappy” que dans l’original. Un bon exemple est Shadow of the Ninja Reborn, un jeu que j’ai bien aimé, mais dont je trouve les contrôles moins rapides et excitants que ceux de l’original. Heureusement, ce n’est pas le cas pour Gimmick! 2. Les contrôles et la physique ont été légèrement ajustés, certes — c’est un peu moins vif et “glissant” — mais le tout reste précis, rapide et excitant à manier, dans la même veine que l’original. C’est toujours aussi satisfaisant d’atteindre des endroits qui semblaient inaccessibles en lançant stratégiquement notre étoile avec une certaine force pour ensuite surfer dessus et se rendre à destination. J’ai toujours trouvé le gameplay et la physique du Gimmick! original intéressants et uniques, et je suis content de voir enfin ce concept poussé plus loin avec brio, 30 ans plus tard. Je préfère la physique et la vitesse de l’original, mais je n’étais pas perdu ni déçu ici.

La plus grande qualité de Gimmick! 2, c’est son level design. Maintenant que j’ai terminé le jeu et obtenu la bonne fin, je peux l’affirmer : c’est l’un des meilleurs platformers 2D auxquels j’ai joué depuis longtemps. Les tableaux sont minutieusement conçus et les secrets sont ingénieusement cachés, récompensant les joueurs curieux qui aiment expérimenter. Ils ne sont jamais cachés de manière trop cryptique non plus; il y a toujours un petit indice ou un détail qui éveille la curiosité du joueur et lui donne envie d’investiguer pour voir s’il y a quelque chose à découvrir. Le platforming est aussi super amusant, parfois même littéralement trippant! Comme je le disais plus tôt, le jeu pousse le concept de l’original encore plus loin; vous devez souvent vous servir de votre étoile pour atteindre des endroits qui semblent hors de portée, activer des mécanismes et éliminer des ennemis. C’est un gameplay vraiment unique, et une grande partie du plaisir vient du fait de se retrouver bloqué quelque part, puis de trouver la solution et d’être agréablement surpris par ce que vous venez d’accomplir.

Même si techniquement, le jeu est plus difficile et plus long que l’original, il offre des vies illimitées et des checkpoints très rapprochés. Cela permet de recommencer des séquences autant de fois que vous le voulez, sans jamais repartir de trop loin après être mort. De ce fait, même s’il va tester vos réflexes et vous faire réfléchir, le jeu ne devient jamais trop frustrant; il demande seulement de la pratique et de la patience. Ce n’est pas un jeu très long non plus — je dirais environ 4 heures pour le terminer, et un peu plus pour tout trouver et obtenir la bonne fin. Je trouve sa durée de vie idéale; s’il avait été plus long, il aurait couru le risque de devenir redondant ou même épuisant, vu le nombre de petits défis à relever pour le traverser. Les trésors que vous trouvez vous permettent de changer l’apparence de Yumetaro et de son étoile, ce qui ajoute un brin de changement. Mon costume préféré est celui qui recrée le personnage original en 8 bits, tel qu’il était sur Famicom. Jouer avec ce costume familier me donnait encore plus l’impression de me plonger dans une vraie suite à Gimmick!.

Côté musiques, même si j’aurais aimé voir revenir le compositeur original Masashi Kageyama, on a tout de même David Wise (Donkey Kong Country), qui n’est certainement pas un inconnu dans le domaine. J’adore la façon dont il a remixé les musiques originales. Cependant, pour le reste, je trouve que ses compositions manquent un peu de “punch” et ne sont pas assez “catchy”, privilégiant des morceaux d’ambiance qui sont corrects, mais rien que j’ai envie de fredonner en dehors du jeu. Sans dire que la musique soit une grosse déception, elle n’élève pas le jeu à un autre niveau selon moi et n’a pas ce son Sunsoft / Gimmick! particulier.

L’autre point négatif que je pourrais souligner, c’est que, d’un point de vue visuel, bien que chaque tableau ait un thème unique, beaucoup de passages tendent à se ressembler. Seul le dernier tableau (celui pour obtenir la bonne fin) parvient à capturer presque parfaitement la magie et le côté féérique du Gimmick! original. Il est aussi difficile de ne pas voir le jeu comme un enchaînement de petits puzzles qui forment des tableaux, alors que l’original avait son lot de séquences plus simples et passives, avec un minimum de puzzles, généralement pour obtenir les trésors cachés nécessaires à la bonne fin. Ici, les tableaux sont plus grands et plus épuisants à parcourir du début à la fin en un seul coup, et nécessitent une utilisation abondante de votre étoile. Mais comme je le disais, je suis content de voir le concept de Gimmick! poussé plus loin, alors il faut prendre ce reproche avec un grain de sel.

Il y avait longtemps que je n’avais pas eu autant de fun avec un jeu. Souvent, j’avais envie de me lever et d’applaudir tellement je trouvais le level design ingénieux et excitant. Je revivais le gameplay unique de Gimmick! avec de nouveaux défis. Certains défis, vers la fin, m’ont presque fait douter si j’allais y arriver ou pas, mais finalement, ce n’était jamais aussi difficile que je le pensais. J’ai réussi à presque tout trouver sans aide, à l’exception de deux trésors cachés et de trois ou quatre coffres. Je suis vraiment content et comblé par Gimmick! 2; je n’aurais jamais cru être autant satisfait de cette suite.

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